Santé des femmes : des lois pour accompagner, des repères pour devenir actrices au quotidien
La santé est influencée par différents éléments : des facteurs biologiques liées au sexe, des caractéristiques associées au genre et des déterminants sociaux (emploi, éducation, revenus, logement…). Celle des femmes est particulièrement perturbée tout au long de leur vie par des changements hormonaux : douleurs menstruelles, grossesse, endométriose, pré-ménopause / ménopause… Il s’avère donc nécessaire de différencier les femmes des hommes, dans la prise en charge médicale.
Dans cet article, nous faisons un point sur les dernières évolutions en matière d’accès aux soins et vous partageons les repères de suivi à chaque étape de la vie.
La santé des femmes en quelques chiffres clés1
- 9 femmes sur 10 présentent au moins deux facteurs de risque cardiovasculaire
- 46% d’entre elles cumulent deux facteurs de risque gynéco-obstétriques (contraception contre-indiquée, suivi gynécologique inexistant, grossesses tardives …)
- 74% des femmes ménopausées ne sont pas suivies par un cardiologue, alors qu’elles sont dans la période la plus à risque de leur vie
- 67% des femmes présentent des facteurs de risque psychosociaux comme le stress chronique
Faciliter l’accès aux soins pour les femmes, pour éviter de renoncer à se soigner2
Gratuité de la contraception et du dépistage des IST pour toutes les jeunes jusqu’à 26 ans
Les dépenses liées à la contraception sont intégralement prises en charge pour toutes les femmes jusqu’à l’âge de 26 ans (depuis le 1er janvier 2022).
En ce qui concerne la contraception d’urgence, les mineures peuvent se la procurer gratuitement et sans ordonnance en pharmacie tandis que les jeunes femmes majeures doivent présenter la carte vitale (ou attestation de droit) ou la carte de l’Aide Médicale d’Etat pour une prise en charge à 100%, toujours sans ordonnance (depuis le 1er janvier 2023).
L’accès aux préservatifs féminins est gratuit et sans ordonnance pour les moins de 26 ans (depuis le 1er janvier 2024). L’obtention de préservatifs masculins (de certaines marques) est gratuite en pharmacie pour les moins de 26 ans (depuis le 1er janvier 2023) et remboursée à hauteur de 60% par l’Assurance maladie sur prescription médicale (médecin ou sage-femme) au-delà de cet âge (depuis 2019).
Le dépistage sérologique du VIH peut se faire dans tous les laboratoires de biologie médicale, sans ordonnance, sans rendez-vous, sans avance de frais avec prise en charge à 100%. Cette facilité d’accès au dépistage en laboratoire est étendue à d’autres IST : sans ordonnance, avec une prise en charge à 100% pour les moins de 26 ans.
Vous souhaitez en savoir plus : rendez-vous sur Onsexprime
Les Espaces de Vie Affective, Relationnelle et Sexuelle (EVARS) sont des lieux anonymes et gratuits, permettant d’accéder à une information objective et bienveillante. Pour trouver votre structure EVARS près de chez vous, cliquez ici
Renforcement du droit à l’IVG
Depuis 2022, le délai légal pour recourir à une Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) est porté à 14 semaines de grossesse (soit 16 semaines après le 1er jour des dernières règles). Le recours à une IVG médicamenteuse (en ville) peut se faire jusqu’à 7 semaines de grossesse. Les consultations d’IVG peuvent être réalisées à distance par les médecins et les sage-femmes ; ces dernières peuvent aussi pratiquer les IVG chirurgicales dans les hôpitaux. Le délai de réflexion de deux jours a été supprimé.
Pour être bien informé sur l’IVG, consulter le site officiel
Mieux informer sur l’endométriose
Depuis février 2025, l’Assurance maladie prend en charge un test salivaire pour détecter l’endométriose, dans le cadre d’une expérimentation. Ce test est non invasif et fournit des résultats en une dizaine de jours. Pour bénéficier de ce test, la femme doit être âgée de plus de 18 ans et se rendre dans l’un des centres participants à l’étude (liste en annexe du décret).
Au-delà du remboursement, l’accent est aussi mis sur l’information via le site Espace endométriose ainsi que sur l’amélioration de l’offre de soins et la prise en charge de la femme dans des filières territoriales (pour trouver votre filière territoriale : ici).
Enfin, l’Anact (Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail) propose d’accompagner les employeurs à mieux prendre en compte cette pathologie dans le cadre professionnel (mise à disposition de ressources, facilitation du travail des salariées qui en sont atteintes…). Pour en savoir plus : ici
Accompagner les femmes et les couples confrontés à une fausse couche
Depuis septembre 2024, chaque femme concernée et son partenaire peuvent bénéficier d’un accompagnement pluridisciplinaire dans le cadre d’un « parcours fausse couche », en hôpital et en ville, afin de ne pas banaliser la survenue de cet événement (1 femme sur 4 est concernée par la fausse couche).
Afin que cette situation soit vécue dans un contexte « sécurisant », le délai de carence a été supprimé en cas d’arrêt maladie pour toutes les assurées du secteur privé, les agentes de la fonction publique, les professions indépendantes et les non-salariées agricoles. Cette suppression est d’ailleurs étendue aux interruptions médicales de grossesse (avortement thérapeutique). Par ailleurs, les femmes confrontées à une « fausse couche tardive » (entre la 14ème et 21ème semaine d’aménorrhée) bénéficient d’une protection contre le licenciement durant les dix semaines qui suivent l’interruption.
Lutter contre la précarité menstruelle
Au sein des universités françaises (enceintes des résidences universitaires, des restaurants universitaires et des services de santé universitaires), les jeunes femmes peuvent bénéficier d’une distribution gratuite de protections menstruelles. De plus, des projets pour améliorer l’accès et la gratuité à ces protections peuvent être déployés localement via la « Contribution de vie étudiante et de campus ».
Par ailleurs, depuis 2023, la Sécurité sociale rembourse les protections périodiques réutilisables pour toutes les jeunes femmes de moins de 25 ans. Cette mesure devrait être étendue à toutes les femmes bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (C2S) à la fin de l’année 2025.
Un suivi médical régulier et spécifique3
Santé globale
Pour prendre soin de soi, il est nécessaire de consulter au moins une fois par an un professionnel de santé (médecin généraliste) pour échanger sur ses habitudes de vie et prévenir l’apparition de certaines maladies (diabète, cardio-vasculaire, cancer). En complément, l’Assurance maladie propose un dispositif, « Mon bilan prévention », pris en charge à 100%, à différentes tranches d’âge : 18 / 25 ans, 45 / 50 ans, 60 / 65 ans et 70 / 75 ans.
Au-delà, le dépistage organisé du cancer colo-rectal, tous les deux ans entre 50 et 74 ans, favorise un diagnostic précoce de cette maladie silencieuse (sans signe et sans symptôme), améliorant considérablement les chances de guérison (9 cancers sur 10).
Suivi gynécologique : contraception, dépistage cancers gynéco, ménopause
De façon générale, un suivi gynécologique est à réaliser au moins une fois par an chez un médecin généraliste, une sage-femme ou un gynécologue.
Pour les moins de 26 ans, ce rendez-vous est l’occasion d’échanger sur le cycle menstruel, la vaccination contre le papillomavirus HPV (entre 11 et 14 ans avec un rattrapage jusqu’à 19 ans), la santé sexuelle, la contraception et la prévention. Il est pris en charge par l’Assurance maladie.
Tout au long de la vie d’une femme, ces consultations à minima annuelle permettent d’assurer un suivi contraceptif, le dépistage et la prise en charge d’éventuelles pathologies (endométriose, douleurs menstruelles, cancers gynécologiques …) et d’échanger aussi sur les conduites addictives (une consommation importante de tabac, associée à la prise d’un contraceptif, augmente le risque cardio-vasculaire !).
À partir de 45 ans, ces visites sont l’occasion d’accompagner l’arrivée de la ménopause et de soigner les symptômes qu’elle provoque, parfois difficiles à vivre (bouffées de chaleur, sécheresse vaginale, insomnies, troubles de l’humeur…). Ce changement augmente le risque d’ostéoporose et de maladies cardio-vasculaires. Selon la sévérité des troubles, une prise en charge pluridisciplinaire entre le gynécologue / sage-femme et le médecin traitant peut s’avérer nécessaire afin de prescrire et d’ajuster le traitement hormonal substitutif. Un psychologue peut aussi être associé en cas de troubles de l’humeur persistants.
Vous souhaitez faire un point sur votre ménopause, faites le test MénoScore
En plus de ce suivi régulier, des dépistages organisés sont proposés par l’Assurance maladie :
- Le cancer du sein, tous les deux ans entre 50 et 75 ans, voire avant si des antécédents familiaux existent ou si une anomalie est détectée
- Le cancer du col de l’utérus, entre 25 et 65 ans, dont les modalités de dépistage varient selon les tranches d’âge (25 / 29 ans puis 30 / 65 ans)
Maternité et parentalité
Tout projet d’avoir un bébé peut faire l’objet de questionnement chez une femme ou un couple, dont il est possible de discuter avec un professionnel de santé (médecin généraliste, sage-femme ou gynécologue), dans le cadre d’une consultation pré-conceptionnelle. Celle-ci permet de faire le point sur les antécédents, connaître les bonnes habitudes à mettre en place et prendre connaissance des risques liés aux conduites addictives.
Une fois que la grossesse est confirmée, un suivi mensuel se met en place et trois échographies (une par trimestre) sont réalisées au cours d’une grossesse sans particularité. Les parents sont invités à suivre des séances de préparation à la naissance et à la parentalité. Un entretien précoce prénatal est organisé pour préparer l’arrivée du bébé.
Entre 4 et 8 semaines après l’accouchement, un entretien est réalisé pour repérer le risque de dépression post-partum ainsi qu’une consultation médicale. Des ateliers postnataux autour de la parentalité sont proposés entre le 8ème jour et la 14ème semaine, qui sont prises en charge à 70% par l’Assurance maladie.
Des séances de rééducation périnéale et abdominale sont prescrites par un médecin généraliste, un gynécologue ou une sage-femme.
Violences sexistes et sexuelles
Toute consultation avec un professionnel de santé est l’occasion de prévenir, d’échanger et de prendre en charge les violences physiques, sexuelles et psychologiques dont peut être victime une femme. Ces violences, de quelque nature qu’elles soient, affectent sa santé.
Pour en savoir plus, consulter le dispositif Arrêtons les violences
Santé cardio-vasculaire4

Des repères à chaque étape de la vie

Pour aller plus loin
- IVG (site officiel)
Sources :