S’écouter et réduire les risques, les meilleures démarches pour protéger son cœur
Les maladies cardiovasculaires sont les conséquences de troubles affectant le cœur, les vaisseaux sanguins et la circulation sanguine (cardiopathies coronariennes, thromboses veineuses, embolies pulmonaires…). Ces maladies exposent à des complications aigües ou chroniques (infarctus du myocarde, accident vasculaire cérébral, insuffisance cardiaque, insuffisance rénale, …).
Dans cet article, nous faisons le point sur les données genrées, la prévention et les bons gestes à adopter en cas d’arrêt cardiaque.
Hommes et femmes : sommes-nous tous égaux ? 1 / 2
D’un point de vue purement anatomique, le cœur des femmes est en moyenne plus petit que celui des hommes. De plus, les artères féminines sont en général plus fines.
Au niveau sociétal, les femmes ont progressivement adopté les mêmes comportements de vie que les hommes : tabac, alcool, stress, alimentation déséquilibrée, manque d’activité physique…, ce qui les exposent autant au risque cardiovasculaire, renforcé par contre par certaines spécificités notamment hormonales (contraception hormonale, association tabac et contraception oestroprogestative, ménopause, diabète gestationnel, endométriose …).
Sur le plan de la recherche, jusqu’à la fin des années 80, les femmes étaient que peu représentées dans les essais cliniques d’envergure, ce qui a une double conséquence : un manque de données concernant les facteurs de risque chez les femmes et une absence de formation des professionnels de santé aux risques cardiovasculaires encourus par ce public. Et cela se répercute sur les femmes elles-mêmes, avec une moindre attention aux alertes de leur corps. Ayant déjà une propension à ignorer leur douleur (tandis qu’elles sont plus attentives à la santé de leurs proches), ce manque de sensibilisation au risque cardiovasculaire rajoute à l’inobservation de certains signes, entrainant des consultations tardives et donc un retard dans la prise en charge.
En réalité, la différence entre les genres est surtout marquée au niveau des symptômes des accidents cardiovasculaires. Par exemple, dans le cas du syndrome coronarien, les femmes ressentent des douleurs entre les omoplates, ont des nausées et sont essoufflées alors que les hommes ont davantage de douleur au niveau thoracique ou transpirent.
Toutefois, certaines maladies cardiovasculaires sont liées à des facteurs hormonaux et physiologiques spécifiques qui exposent davantage les femmes, sans en faire des maladies exclusivement féminines pour autant : syndrome de takotsubo (défaillance cardiaque liée à un choc émotionnel intense), Dissection Spontanée de l’Artère Coronarienne (DSAC).
Face à ces maladies cardiovasculaires, devenues un fléau de santé publique, il est aujourd’hui important de mieux comprendre les particularités de ces pathologies chez le public féminin.
Quels sont les facteurs de risque ? 3 / 4
Les facteurs peuvent être classés en deux catégories :
Les facteurs sur lesquels on ne peut pas agir :
- L’âge : le risque d’un accident cardiovasculaire augmente en vieillissant.
- Les antécédents familiaux cardiovasculaires, si un parent proche a eu une maladie cardiovasculaire à un âge précoce.
Les facteurs sur lesquels on peut agir :
- Le tabac : à court terme, il favorise le rétrécissement des artères, la formation des caillots et l’apparition de trouble du rythme cardiaque. A long terme, le tabac abîme progressivement les artères.
- Le diabète : un mauvais contrôle du diabète provoque un excès de glucose dans le sang, ce qui endommage la paroi des artères.
- L’hypertension artérielle : le cœur risque de travailler plus et donc de s’affaiblir. Par ailleurs, l’augmentation de la pression finit par abîmer la paroi des artères.
- Le cholestérol : le mauvais cholestérol (LDL), s’il est trop élevé, s’accumule sur la paroi des artères, sous forme de dépôt graisseux qui peuvent ralentir, voire bloquer, la circulation du sang.
- Les triglycérides : la présence importante de lipides dans le sang augmente le risque cardiovasculaire, d’autant plus si elle est associée à un taux élevé de mauvais cholestérol.
- Le surpoids et l’obésité, qui s’évaluent soit en calculant son indice de masse corporel (en situation de surpoids au-delà de 25) soit en mesurant son tour de taille (en situation de surpoids si le tour de taille est supérieur à 80 cm chez une femme et à 94 cm chez un homme).
- La sédentarité : 30 minutes de marche par jour contribuent à réduire son risque de maladie cardiovasculaire.
- Le stress et la dépression qui ont, s’ils sont chroniques, des effets néfastes sur la santé physique (augmentation de la tension artérielle, de la glycémie) et sur la santé mentale.
- Les troubles du sommeil, qui ont un impact négatif sur la quantité et la qualité du sommeil
- La consommation de substances psychoactives : alcool au-delà des recommandations (pas plus de 2 verres par jour et pas tous les jours), drogues illicites (protoxyde d’azote, MDMA, ecstasy, héroïne)
Les facteurs de risque ne s’additionnent pas. Par contre, l’association de plusieurs facteurs, même de faible intensité, aggrave fortement le risque de maladie cardiovasculaire.
Exemple : une personne ayant « une tension artérielle modérée, une petite intolérance au sucre, un cholestérol moyennement élevé et qui est un petit fumeur, est beaucoup plus à risque qu’une personne qui aura un cholestérol très élevé isolément (sans d’autres facteurs) ».

Comment évaluer son risque cardiovasculaire ?
Il est possible de tester son profil cardiovasculaire, grâce à un test réalisé par la Fédération Française de Cardiologie : Comment va mon cœur ?
Ce test permet d’évaluer son risque en tenant compte du profil de la personne et de ses habitudes de vie, afin de pouvoir ensuite agir sur les facteurs de risque grâce aux résultats et aux recommandations formulées.
Attention toutefois, ce test ne s’applique pas si vous avez déjà été victime d’un accident cardiovasculaire.
Par ailleurs, ce test ne remplace pas une consultation chez le médecin traitant et un spécialiste en cas de symptômes, ni la réalisation d’examens prescrits (type ECG / électrocardiogramme).
Que faire en cas d’arrêt cardiaque ? 1 / 5
- Reconnaitre l’arrêt cardiaque (douleur thoraxique, douleur isolée d’un bras, malaise, transpiration, douleur entre les omoplates, essoufflement). Dans tous les cas, la personne perd connaissance et ne réagit pas quand on lui parle / stimule. Sa respiration est inexistante ou très irrégulière.
- Alerter les secours (le 15 pour le SAMU, le 18 pour les pompiers, le 114 pour le numéro d’urgence national pour les personnes sourdes et malentendantes ou le 112 pour le numéro d’urgence dans l’ensemble de l’Union européenne) : expliquer la situation brièvement et communiquer le lieu. Rester en ligne avec les secours tout au long de la prise en charge.
- Réaliser un massage cardiaque de façon efficace : en se positionnant au-dessus de la victime, placée sur un plan dur. Les bras doivent toujours être tendus. Poser les paumes de mains l’une sur l’autre, au milieu de la poitrine et exercer des pressions sur la cage thoracique, puis relâcher. Il faut faire 100 pressions par minute (astuce : au rythme de Stayn’ Alive des Beegees). Il n’est absolument pas nécessaire de faire du bouche-à-bouche. Autre élément important : masser un cœur qui bat n’a pas de conséquence. Oser masser peut réellement faire la différence entre la vie et la mort.
- Utiliser sans crainte le défibrillateur externe : s’il y en a un à proximité, il sera apporté par un autre témoin, en attendant l’arrivée des secours. Une fois le défibrillateur en main, ouvrir le boîtier et allumer l’appareil. Le défibrillateur transmet oralement des instructions : il n’y a qu’à les suivre.
- Passer le relais aux équipes de secours à leur arrivée.
Où trouver de l’information sur les maladies cardiovasculaires ?
- Auprès de votre médecin traitant et d’un spécialiste (cardiologue)
Sources :
1 Inserm, Les femmes ont le cœur plus fragile que les hommes, vraiment ?, décembre 2024
2 Ameli, Une campagne pour sensibiliser au risque de maladies cardiovasculaires chez les femmes, septembre 2024
3 Ameli, Les risques cardiovasculaires et ses facteurs, juin 2025
4 Fédération Française de Cardiologie, Facteurs de risque
5 Agir pour le cœur des femmes, L’arrêt cardiaque au féminin : et si c’était vous ?